Usurpation d’identité autour de célébrités : le fléau des faux héritiers
En juillet 2025, la famille de Bob Marley a porté plainte contre une habitante de Jérusalem pour usurpation d’identité.
Depuis plusieurs années déjà, celle-ci affirmait être la fille biologique du chanteur jamaïcain, allant jusqu’à intervenir dans des podcasts et forums pour dénoncer publiquement l’exclusion dont elle s’estimait victime.
La veuve et les enfants de Marley ont réclamé 4 millions de shekels (environ un million d’euros) de dommages et intérêts pour usurpation, harcèlement et enrichissement illicite, dénonçant une campagne de désinformation nuisible à leur réputation et à la mémoire de l’artiste.
Si cette affaire a récemment fait les gros titres, elle n’est que la dernière d’une longue série de tentatives de falsification d’identité autour d’héritages de vedettes.
Qu’il s’agisse de motivations financières, de recherche de notoriété ou de troubles identitaires, ces impostures ont souvent des conséquences graves pour les familles concernées.
ID Protect revient sur les dessous de ces affaires sensibles, et sur ce que peuvent faire les ayants droit légitimes pour se défendre face aux faussaires.
Pourquoi certaines personnes se prétendent-elles héritières de célébrités ?
Les raisons qui poussent certains individus à s’inventer une filiation avec une célébrité sont multiples :
- L’appât du gain : les droits d’auteur, les royalties ou les parts d’héritage peuvent représenter des sommes considérables, rendant l’arnaque très alléchante.
- Le besoin de reconnaissance : certaines personnes souhaitent s’approprier un nom connu pour sortir de l’anonymat ou se bâtir une légitimité.
- Des troubles identitaires : dans certains cas, les imposteurs sont eux-mêmes convaincus de leur récit, ce qui complique les démarches judiciaires.
- La possibilité de duper sur internet : les réseaux sociaux et forums permettent de diffuser des récits non vérifiés à grande échelle, sans contrôle initial.
Des conséquences lourdes pour les familles légitimes
Pour les véritables héritiers, ces affaires sont bien plus qu’un simple désagrément. Elles peuvent entraîner :
- Un préjudice moral : être accusé publiquement d’avoir « abandonné » un enfant caché ou d’exclure un héritier génère une pression sociale et médiatique forte.
- Des frais juridiques importants : répondre à des allégations mensongères nécessite souvent le recours à des avocats spécialisés.
- Une confusion autour des droits : les ayants droit officiels peuvent voir leur autorité contestée sur l’image, les œuvres ou les décisions liées au défunt.
Les plus grands cas d’usurpation d’identité d’héritier
Elvis Presley
Lorsqu’Elvis s’éteint en 1977, il laisse derrière lui un héritage musical colossal, mais aussi une fortune estimée à plus de 100 millions de dollars. Rapidement, les mythes fleurissent : Elvis serait toujours vivant, aurait simulé sa mort…
Mais l’histoire la plus tenace est celle d’un certain Philip Stanic, alias Elvis Presley Jr.. Ce chanteur américain a longtemps affirmé être le fils caché du King, né d’une liaison secrète avec Angelique Delores Pettyjohn, une actrice des années 60. Il se produisait même sur scène en revendiquant cet héritage, jusqu’à ce que les enquêtes journalistiques et les démentis de la famille Presley viennent définitivement ruiner sa légitimité. Aucun test ADN n’a jamais confirmé ses propos.
Claude François
À la mort tragique de Claude François en 1978, la France perd l’une de ses plus grandes stars de la chanson. Des années plus tard, en 2000, un homme se présente devant les tribunaux français pour réclamer une part de l’héritage. Il prétend être le fruit d’une liaison secrète entre le chanteur et sa mère, survenue dans les années 60.
À l’appui de ses dires : des lettres manuscrites, des photos anciennes et un récit familial bien construit. L’affaire intrigue, suscite l’émotion. Mais l’analyse ADN tranche net : aucun lien biologique avec Claude François ou ses deux fils. L’homme est débouté.
Michael Jackson
À la mort du roi de la pop en 2009, son patrimoine dépasse les 500 millions de dollars. Dès lors, des rumeurs d’enfants cachés circulent. En 2014, le chanteur Brandon Howard fait la une des médias. Il affirme être le fils biologique de Michael Jackson, issu d’une relation entre l’artiste et sa mère, la chanteuse Miki Howard.
Un test ADN présenté en conférence de presse semble le confirmer… jusqu’à ce qu’il soit révélé que le document avait été falsifié, et que l’échantillon analysé ne provenait même pas de Jackson. D’autres prétendants apparaîtront ensuite, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, mais aucun ne parviendra à convaincre les tribunaux ou la famille.
Prince
Quand Prince meurt soudainement en 2016, il laisse une fortune estimée à 300 millions de dollars… mais aucun testament. Ce vide juridique déclenche un chaos sans précédent : plus de 700 personnes se déclarent héritiers potentiels, se disant frères, sœurs, enfants illégitimes, voire conjoints oubliés du chanteur vedette.
La justice américaine, dépassée, est contrainte d’ordonner des tests ADN à grande échelle. Parmi les cas les plus médiatisés figure Carlin Q. Williams, un détenu du Colorado, qui prétend être le fils biologique de Prince.
Lui aussi sera finalement débouté par les tests génétiques. Il faudra plus de six ans à la justice pour identifier les véritables héritiers légaux du chanteur.
Johnny Hallyday
Décédé en 2017, le cas Johnny Hallyday déclenche une bataille judiciaire homérique entre Laeticia Hallyday et les enfants aînés du rockeur, sur fond de testaments californiens controversés. Mais dans l’ombre de cette querelle médiatisée, d’autres prétendants se manifestent. Certains se disent enfants naturels, demi-frères ou compagnons de route oubliés de la star française.
L’un d’eux, un certain Sylvain R., prétend avoir été reconnu par Johnny dans les années 80, et réclame une part de la succession, estimée à plusieurs dizaines de millions d’euros. Là encore, faute de preuve et sans confirmation biologique, la justice écartera ces demandes, les jugeant fantaisistes.
Steve Jobs : L’exception qui confirme la règle
Dans les années 1980, Steve Jobs a longtemps refusé de reconnaître Lisa Brennan comme sa fille.
Il fallut un test ADN pour prouver sa paternité, après quoi il accepta progressivement un lien avec elle.
L’ironie de l’histoire : Lisa est devenue écrivaine et a raconté cette période difficile dans ses mémoires, Small Fry. Ce cas montre que, parfois, les contestations ne sont pas infondées — d’où l’importance d’un traitement rigoureux et éthique de ces affaires.
Familles de célébrités : Comment se défendre face aux faux ayant-droits ?
Lorsqu’un proche célèbre disparaît, ses héritiers légitimes se retrouvent parfois confrontés à des imposteurs cherchant à exploiter son nom, son image ou son patrimoine. Pour se prémunir contre ces risques, plusieurs actions sont possibles.
D’abord, la voie judiciaire reste incontournable. Les familles peuvent engager des poursuites pour usurpation d’identité, diffamation, atteinte à la mémoire du défunt, harcèlement ou encore parasitisme économique. Ces procédures visent non seulement les individus malveillants, mais aussi les médias ou plateformes qui relayent leurs propos sans vérification. La jurisprudence évolue et tend à mieux protéger la réputation posthume.
Les tests ADN sont souvent invoqués dans les cas de filiation contestée. Encore faut-il que les parties soient d’accord pour les réaliser, ce qui n’est pas toujours le cas. En France, l’expertise biologique ne peut être ordonnée que par un juge dans un cadre strict, ce qui peut ralentir les procédures.
Mais au-delà du judiciaire, l’anticipation est essentielle.
En France, le droit interdit de déshériter un enfant (réserve héréditaire), ce qui peut compliquer la situation pour des personnalités publiques ayant une vie familiale complexe ou des enfants non reconnus. Beaucoup pensent, à tort, que la loi suffira à tout régler. Pourtant, ne pas consulter un notaire, ne pas établir de testament clair, ou ne pas désigner formellement ses ayants droit, c’est laisser la porte ouverte aux contestations.
Pour éviter cela, il est recommandé aux familles de :
- Rédiger un testament précis avec l’aide d’un professionnel du droit, mentionnant explicitement les héritiers et les volontés du défunt.
- Faire enregistrer ce testament chez un notaire (via le Fichier Central des Dispositions de Dernières Volontés).
- Mettre à jour régulièrement les actes en fonction de la situation familiale.
- Encadrer l’exploitation de l’image et du nom du défunt par des contrats ou une fondation de gestion.
- Anticiper les risques médiatiques en préparant une communication officielle et documentée (biographie, site officiel, archives numériques…).
Rétablir une parole légitime face aux récits fantasmés est parfois la meilleure défense. La transparence, le recours au droit et la vigilance médiatique permettent de préserver la mémoire d’un proche… et d’éviter que d’autres ne s’en emparent.
Conclusion
Les cas d’usurpation d’identité posthume ne cessent de se multiplier, particulièrement autour des personnalités publiques dont l’image et l’héritage conservent une valeur marchande ou symbolique forte.
Pour les familles, les ayant droit et les fans, il est essentiel de s’appuyer sur des faits, des preuves et des procédures solides.
C’est pourquoi ID Protect s’engage à surveiller, documenter et combattre ces dérives qui portent atteinte à la vérité, à la mémoire des défunts et aux droits des vivants.